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1
Juin 2022
Auteur : Patrick Coquart
Institut de Recherches
Economiques et Fiscales
Et si l’inflation était due
aux politiques publiques ?2
SOMMAIRE
INTRODUCTION 3
I. L’INFLATION ET LE POUVOIR D’ACHAT : EN HAUSSE OU EN BAISSE ? 5
I.1. Qu’est-ce que l’indice des prix à la consommation ? 5
I.2. Évolution de l’indice des prix depuis 2000 7
I.3. Critiques de l’indice des prix 8
I.4. Pouvoir d’achat, dépenses pré-engagées et dépenses contraintes 10
II. FOCUS SUR LES CAUSES ET LES CONSÉQUENCES DE LA HAUSSE DE CINQ PRODUITS DE
CONSOMMATION COURANTE 15
II.1. Le logement 15
Les loyers évoluent modérément depuis 20 ans… 15
… mais les prix des logements se sont envolés 19
II.2. L’électricité 23
Une politique de gribouille… 23
… et des taxes à foison… 26
… qui touchent les plus modestes 30
II.3. Le gasoil 32
Une augmentation du dollar et prix du pétrole… 32
… mais surtout une forte progression des taxes 34
II.5. Les assurances complémentaires santé 38
Les taxes et les réglementations font augmenter les cotisations 39
II.5. La cigarette 42
Une forte augmentation des taxes… 43
… mais les Français les plus modestes fument davantage 44
CONCLUSION 473
INTRODUCTION
La question du pouvoir d’achat a surgi dans les médias français au fur et à mesure que la
pandémie de covid 19 quittait les devants de l’actualité et que l’on s’inquiétait, à la faveur de
la « reprise économique », d’un « retour de l’inflation ».
Depuis septembre 2021, le sujet a ainsi occupé une grande place dans la presse, régionale ou
nationale, télévisée, radiophonique ou imprimée. Les médias donnaient, tour à tour, la
parole à des Français qui avaient de plus en plus de mal à joindre les deux bouts ; à des
salariés qui se mobilisaient, parfois jusqu’à faire grève, pour réclamer des augmentations ; à
des chefs d’entreprise qui affirmaient de pas pouvoir réévaluer les salaires mais plutôt être
contraints à augmenter les prix de leurs produits ou services ; au Gouvernement qui mettait
en place des mesures ponctuelles de compensation pour un coût de près de 15 milliards
d’euros : indemnité inflation de 100 € pour 38 millions de Français dont le revenu net
mensuel est inférieur à 2 000 € ; prime supplémentaire de 100 € pour 5,8 millions de
bénéficiaires du chèque-énergie, qui avaient déjà reçu un chèque énergie d’un montant
moyen de 150 € en avril 2021 ; blocage des tarifs réglementés du gaz (entre le 1er novembre
2021 et le 30 juin 2022) et hausse limitée de ceux de l’électricité (4 % au 1er février 2022) ;
revalorisation de 10 % du barème de l’indemnité kilométrique.
Quant à tous ceux qui aspiraient à se faire élire président de la République en avril 2022, ils
se sont bien évidemment évertués à faire connaître leurs propositions en matière de pouvoir
d’achat (voir encadré page 13).
Si la question de l’augmentation du coût de la vie mobilise autant, c’est d’abord parce
qu’elle est socialement explosive. Tout le monde a en mémoire le mouvement des « Gilets
jaunes » qui, à l’origine en octobre 2018, s’est constitué en réaction à la hausse du prix des
carburants. C’est ensuite parce que le sujet est polémique, l’Institut national des statistiques
et des études économiques (Insee) affirmant que le pouvoir d’achat progresse, à l’opposé du
ressenti des Français.
La guerre russo-ukrainienne n’a pas mis le thème de l’augmentation du coût de la vie de
côté, bien au contraire, puisqu’elle a fait flamber le prix de certaines matières premières
(gaz, pétrole, produits agricoles…). En mars 2022, le gouvernement français a décidé
d’étendre certaines des mesures prises à l’automne 2021 et de repousser le gel des prix du
gaz de juin à décembre 2022. De 15 milliards d’euros, le coût de ces mesures pourrait
atteindre 24 milliards d’euros selon le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Par ailleurs,
depuis le 1er avril 2022 et pour quatre mois, un nouveau « coup de pouce » aux ménages a
été initié sous la forme d’une remise de 15 centimes par litre de carburant, subventionnée
par l’État. Une nouvelle mesure qui coûte environ 2 milliards d’euros supplémentaires, soit
le montant correspondant au surcroît la TVA engrangée depuis six mois du fait de la hausse
des prix.
Mais la guerre en Ukraine ne suffit pas à expliquer l’augmentation du coût de la vie. Bien sûr
la reprise économique post-pandémie entraînant des pénuries sur les marchés mondiaux et
une hausse prix des transports de marchandises joue un rôle non négligeable dans la reprise
de l’inflation, tout comme les caprices météorologiques qui influent sur le prix des produits4
agricoles. Curieusement, les commentateurs oublient de citer la réglementation et la
fiscalité, et plus largement les politiques publiques, comme sources importantes de hausse
des prix des produits et services.
C’est pourquoi, nous nous proposons d’examiner l’influence de celles-ci – les politiques
publiques – sur l’augmentation de cinq produits de consommation courante (II) – le
logement, l’électricité, le gasoil, les assurances complémentaires santé et la cigarette – et
leur impact sur les Français les plus modestes, après avoir évoqué la réalité de l’inflation en
et la question de l’évolution du pouvoir d’achat, depuis une vingtaine d’années (I).

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