Australie : la leçon du Général
Publié le 22 septembre 2021 par administrateur dans A la une //
Christine Clerc est une journaliste politique française,
On se disait choqués quand, en 1958, Charles de Gaulle recevait en ami, à Colombey, le chancelier allemand Adenauer. On riait quand, en 1964 à Mexico, il lançait « Marchamos mano en la mano ».
On s’indignait quand, en 1966 à Phnom Penh, la France ayant reconnu la chine communiste[1] tandis que les États-Unis s’y refusaient, le Général administrait cette leçon à nos alliés : « La France le dit à cause de l’amitié exceptionnelle et deux fois séculaire qu’elle porte à l’Amérique et de l’idée que jusqu’à présent, elle s’en était faite ».
On soupirait enfin, en 1967 – « Le vieux a perdu la tête… » – lorsqu’il lançait à Montréal son « Vive le Québec libre ! »
Tout en célébrant l’amitié entre les peuples français et américain en accueillant royalement le couple Kennedy et en laissant Malraux emmener la Joconde à Washington, de Gaulle n’oublia jamais la leçon de la Seconde Guerre mondiale : Si le président Franklin Roosevelt finit par intervenir et si le débarquement de nos libérateurs eut lieu, ce fut à la suite de Pearl Harbor, et parce que la double menace allemande et japonaise touchait les États-Unis.
D’ailleurs, le président américain, hostile à de Gaulle, chercha, en 1944, à imposer à la France un gouvernement de son choix et une administration américaine. D’où l’obsession du Général : tisser un réseau d’alliances qui constituerait une sorte de « troisième force » entre les super-puissances américaine et russe.
On mesure aujourd’hui à quel point il avait vu juste : pour Biden, comme pour Roosevelt, Trump et même Kennedy, ce sera toujours « L’Amérique d’abord ».
La défection de l’Australie est un cruel signal d’alarme : il nous faut ou nous ranger sous la bannière étoilée comme la Grande-Bretagne ou trouver de puissants alliés. Mais lesquels ?
Christine Clerc