| Ils ont DÉJÀ confisqué votre épargne : La méchante gaffe de la chef-économiste du Trésor |
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Graphique 5 : le circuit de l’argent dans l’économie Covid Il y a deux énormités dans ces quelques lignes : De manière anecdotique, ainsi la BCE prête-t-elle aux États : C’est interdit par les traités et si nous savons bien que le respect des traités est à géométrie variable, pour un gardien du Temple, cela témoigne d’un mépris total de la loi et Madame Bénassy-Quéré ne fait même plus l’effort de conserver l’apparence de la légalité. Bien plus grave est le lien que fait Madame Bénassy-Quéré entre les dépôts et les crédits. Comme les dépôts augmentent, la banque pourrait ainsi faire davantage crédit nous dit-elle. C’est grossier : Si les dépôts augmentent, c’est parce que la BCE a fait chauffer la planche à billets du crédit illimité et que l’État et les entreprises ont ensuite redistribué une partie de cette création monétaire venue se loger dans les dépôts des clients. Elle inverse fautivement la formule consacrée « les crédits font les dépôts » qui est le fonctionnement du système financier depuis l’abandon de l’étalon de change or en 1971 et même depuis 1922 et les accords de Gênes pour les esprits chagrins comme moi. Dans un système de monnaie crédit, la banque ne prend pas les dépôts de ses clients pour les prêter à d’autres. Elle crée la monnaie à chaque fois qu’elle fait crédit… Et plus elle fait crédit, plus elle créera de monnaie qui sera déposée sur les comptes de ses clients d’où la formule : Les crédits font les dépôts.
Les fonds propres font les crédits
Le risque bien entendu est que le crédit ne soit pas remboursé et que la banque perde cette créance à son actif. Dans ce cas, elle doit équilibrer son bilan et combler la perte de créance, en l’occurrence avec ses fonds propres, c’est justement à cela qu’ils servent : Couvrir les risques de la banque. Et c’est logique, si la banque fait un mauvais placement, ce sont ses actionnaires qui doivent prendre la perte, pas ses clients qui n’ont rien demandé. C’est d’ailleurs pour cela que les critères de Bâle III imposent des réglementations sur les fonds propres des banques pour maîtriser leur solvabilité et leur résistance (théorique) aux crises… Pas sur leurs dépôts ! Pour qu’une banque puisse faire crédit, il faut qu’elle ait suffisamment de fonds propres pour couvrir ses risques, pas de dépôts ! A priori, c’est une erreur de débutant que vient de commettre Madame Bénassy-Quéré et il nous est impossible de lui prêter une telle ignorance.Et au fond, notre chef économiste a raison.
Les banques en faillite : Votre épargne en ôtage
Cela fait une décennie que le système bancaire européen est en faillite. La raison est simple : le coût des fonds propres bancaires en Zone Euro (cost of Equity) tourne autour de 8-9 % quand sa rentabilité est à peine de 4-5 %. [2] Cela signifie que le secteur bancaire dans son ensemble doit dépenser 100 € pour en gagner 50… Et depuis des années.Et pourtant il tourne !Et il tourne sur cette évidence implicite : Ce ne sont pas les fonds propres qui solvabilisent les banques, ce sont bien les dépôts de leurs clients qui sont pris en otage. Cela signifie qu’en cas de crise, faillites et défauts de paiement, ce sont vos comptes courants qui couvrent, ce sont eux que l’on ampute.
Plus jamais ça ! L’enfer des bonnes intentions après 2008
Oh après 2008, les rapports de la Banque des Règlements Internationaux, du FMI, de grands cabinets de conseil comme le BCG, préconisaient d’apurer le système en amputant une bonne fois les avoirs des clients pour apurer les comptes et faire ménage dans toute cette pourriture. Cela n’a jamais été fait. Après 2008 on avait bien promis de ne plus jamais se laisser avoir par les Too Big To Fail, et cette manière de privatiser les gains et mutualiser les bénéfices, ou dit autrement de faire porter aux autres le poids des vices des uns. On avait promis de revenir à la séparation des banques d’affaires et de détail, comme après 1929 : Souvenez-vous de l’ignoble mascarade de loi de séparation portée par Michel Sapin et François Hollande qui s’étaient docilement couchés devant leur ennemi de la veille. Dix ans plus tard, la chef économiste du Trésor trouve normal et évident que les dépôts de la banque de détail couvrent les crédits de la banque d’affaires et se substituent aux fonds propres des actionnaires dans ce jeu de pile, je gagne, face, tu perds.
Le retour des Zombies
Dans une étude remarquable publiée il y a quelques jours, le cabinet Bain & Cie a retracé le calvaire des banques qui étaient déjà « en difficulté avant la tempête ». [2] Ils prévoient, à mon avis à raison, le grand retour des Zombies, ces entreprises qui doivent emprunter pour payer les intérêts de leurs précédents crédits et qui ont déjà pourri la vie des banques au milieu des années 2010. D’ici un an, les « crédits non performants » ou « pourris » devraient à nouveau passer la barre des 1 000 milliards €. Et pourquoi ces zombies existent-ils ? Pourquoi ne pas les laisser faire faillite ? Il n’y a pas de raison économique à maintenir artificiellement des entreprises qui consomment davantage de ressources qu’elles ne créent de richesses… En ces temps d’écologie apocalyptique cela devrait être considéré comme un crime contre les ours polaires. Même socialement, cela n’a pas de sens, il vaudrait bien mieux payer un chômage aux salariés de ces entreprises et les aider à retrouver une place saine et utile dans l’économie plutôt que de les payer à détruire de la valeur et des richesses. Alors pourquoi ? La raison est simple : Les banques ne peuvent pas encaisser ces faillites, elles n’ont pas assez de fonds propres.
L’alternative temporaire aux faillites bancaires
Ce point est important : Personne n’est en mesure aujourd’hui de prendre la responsabilité de nettoyer le système, quand bien même le voudrait-il. Cela signifie que tout sera fait pour éviter d’en arriver à des faillites bancaires massives et des pertes pour les déposants. Pour éviter les faillites, il n’y a qu’une alternative : Si la croissance économique ne peut rendre solvable la masse ahurissante des crédits (et elle ne le peut pas, malgré tous les boniments de Bruno Le Maire), la seule chose qui peut faire tenir le système, est l’augmentation et l’accélération continue de la création de crédit.
Les taux profondément négatifs
Si vous ne pouvez pas rembourser votre crédit, la seule solution pour éviter la faillite est de vous prêter davantage. Nous sommes entrés dans ce cercle vicieux irrépressible après 2008, nous ne sommes aujourd’hui que dans le piège de son exagération. Les liquidités tournent dans le siphon, toujours plus vite, en cercles toujours plus serrés semble-t-il indéfiniment, et pourtant nous finirons bien aux égouts. Et pour que la masse de crédit augmente dans notre système, il faut que les taux baissent sans cesse et entrent en territoire profondément négatif. C’est ce qui se passe depuis 40 ans, l’endettement augmente à mesure que les taux baissent.Après tout, pourquoi faudrait-il que le plancher soit à zéro ? Cette étape de taux profondément négatifs est préparée par des économistes comme Kenneth Rogoff, professeur à Harvard et ancien chef économiste du FMI depuis près de 10 ans.
La double peine de l’inflation ET des taux négatifs
Oh bien sûr l’inflation est là et l’on vous agite le chiffon rouge de la hausse des taux, et c’est ce qui devrait se passer dans un système sain mais nous sommes dans un système dégénéré en phase terminale : Vous aurez la double peine de l’inflation ET des taux profondément négatifs. Aujourd’hui les taux négatifs sur vos dépôts vous sont répercutés vicieusement via l’augmentation des frais bancaires. Demain quand les taux baisseront à -2, -4 ou -6 %, les banques ne pourront plus compenser et ces taux vous seront répercutés par un impôt ultime sur votre épargne. Ils vous diront que c’est votre faute et qu’il fallait mieux dépenser, mieux consommer, mieux vous découvrir pour être encore davantage à leur merci. Je sais bien que la perspective de taux profondément négatifs est difficile à appréhender mais après 40 ans de baisse continue des taux, crise après crise, à vrai dire, c’est plutôt leur remontée qui paraît spéculative. Achetez de l’or tant que vous le pouvez encore, c’est l’assurance ultime de votre épargne. C’est la première pierre, mais immobilier, matières premières, économie réelle (la vraie) les opportunités sont là pour ceux qui savent sortir des sentiers battus.Et partagez cette lettre : Plus nous serons nombreux, plus nous serons forts. À votre bonne fortune, Guy de La Fortelle Sources : [1] https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2021/09/02/d-ou-vient-l-argent [2] https://www.bain.com/insights/for-european-banks-time-to-set-a-new-course-after-the-storm/
