Valeurs actuelles:[Roux] Marseille, deuxième ville de France, premier territoire perdu de la République

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[Roux] Marseille, deuxième ville de France, premier territoire perdu de la République

Le Président Macron s’est rendu au chevet des habitants de la ville, gangrénée par la pauvreté, la violence et la drogue, en leur promettant des millions d’euros pour pallier la misère… Mais, après des décennies de je-m’en-foutisme, de communautarisme et d’abandon de la part des politiques au pouvoir, est-il possible de récupérer Marseille, s’interroge notre chroniqueur Edouard Roux. Par Edouard Roux Publié le 2 septembre 2021 à 15h00

Emmanuel Macron en visite à Marseille, jeudi 2 septembre. Photo © Daniel Cole/AP/SIPA Partager cet article sur

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Il fait bon ce mercredi 19 Août, vers 22 heures à Marseille. Le climat en PACA est toujours un don du ciel. Les touristes laissent la Méditerranée tranquille, les gens boivent des coups sur le vieux port, les autres sont couchés, les pots d’échappement de scooter en berceuse. Jusqu’à ce que dans la cité des Marronniers (14ème arrondissement), un deux roues ne déboule et tire à la kalachnikov sur deux adolescents de 14 ans, apparemment guetteurs. Le premier — sans antécédents judiciaires — décède quelques heures plus tard, le second — suivi par un juge des enfants — s’en sort. Dans ce fait divers sordide, mais devenu ô combien habituel dans cette ville, deux autres victimes : une jeune fille de 17 ans, tuée sur le coup et un gosse de huit ans qui se trouvait sur les lieux et s’en tire avec une blessure à la tête. Depuis le début de l’année, le département recense onze homicides liés à des règlements de compte ; et pas un embryon de solution. Mais comment trouver des solutions à des problèmes sans issues ? Quand ils sont à ce point ancrés dans les cités et font partie du quotidien de la population ?

Des décennies durant, Marseille n’a eu de cesse de mêler politique et voyoucratie

Car Marseille, capitale européenne de la culture en 2013, n’a eu de cesse d’avoir, des décennies durant, une image de « ville-danger », de mêler politique et voyoucratie. Et à chaque décennie son organisation, ses films leur rendant hommage, ses particularités. Les années 1950 ont été régies par les frères Guérini, résistants d’abord, proxénètes ensuite, proches du maire SFIO Gaston Deferre et de Robert Blémant, commissaire à la DST (Direction de la Surveillance du Territoire) — lequel finira assassiné par les Guérini. Le pacte était des plus simples : Deferre et Blémant fermaient les yeux sur le business des voyous en échange d’une surveillance de la ville. Les voyous se faisaient la guerre entre eux, suivaient un « code d’honneur », protégeaient les rues et ne s’en prenaient que rarement à la population locale — sauf retards de paiements, évidemment ! Puis, un beau jour de Juin ’67, Antoine Guérini est assassiné dans une station essence

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